1. Qu'es-ce que la mort?
2. Bûchers et tombeaux de Théophile Gautier
2.1. Théophile Gautier
2.2. Jules Eugène Lenepveu
3. Elegies avant toi de Marceline Desbordes-Valmore
3.1. Marceline Desbordes-Valmore
3.2. Elvira Amrhein
4. Une mort héroïque de Charles Beaudelaire
4.1. Charles Baudelaire
5. La faucheuse:L'image la plus fréquente de la mort
6. Dernier espoir de Paul Verlaine
6.1. Paul Verlaine
7. Mais si faut-il mourir? de Sponde
7.1 Jean de Sponde
8. Morts de Quatre-vingt-douze d'Arthur Rimbaud
8.1 Arthur Rimbaud
9. Bibliographie
dimanche 26 avril 2009
1. Qu'es-ce que la mort?
La mort est, selon la science, l'état définitif d'un corps qui cesse de vivre. Elle se caractérise par un arrêt des fonctions vitales (nutrition, respiration…), nécessaires au maintien de l'intégrité de l'organisme.Pour la religion, la mort est un stade par lequel chaque être humain doit passer.L'âme de l'être quitte le corps pour aller rejoindre le monde des esprits.La mort est donc la fin de la vie.
2. Bûchers et tombeaux de Théophile Gautier
Le squelette était invisible,
Au temps heureux de l'Art païen ;
L'homme, sous la forme sensible,
Content du beau, ne cherchait rien.
Pas de cadavre sous la tombe,
Spectre hideux de l'être cher,
Comme d'un vêtement qui tombe
Se déshabillant de sa chair,
Et, quand la pierre se lézarde,
Parmi les épouvantements,
Montrait à l'oeil qui s'y hasarde
Une armature d'ossements ;
Mais au feu du bûcher ravie
Une pincée entre les doigts,
Résidu léger de la vie,
Qu'enserrait l'urne aux flancs étroits ;
Ce que le papillon de l'âme
Laisse de poussière après lui,
Et ce qui reste de la flamme
Sur le trépied, quand elle a lui !
Entre les fleurs et les acanthes,
Dans le marbre joyeusement,
Amours, aegipans et bacchantes
Dansaient autour du monument ;
Tout au plus un petit génie
Du pied éteignait un flambeau ;
Et l'art versait son harmonie
Sur la tristesse du tombeau.
Les tombes étaient attrayantes:
Comme on fait d'un enfant qui dort,
D'images douces et riantes
La vie enveloppait la mort ;
La mort dissimulait sa face
Aux trous profonds, au nez camard,
Dont la hideur railleuse efface
Les chimères du cauchemar.
Le monstre, sous la chair splendide
Cachait son fantôme inconnu,
Et l'oeil de la vierge candide
Allait au bel éphèbe nu.
Seulement pour pousser à boire,
Au banquet de Trimalcion,
Une larve, joujou d'ivoire,
Faisait son apparition;
Des dieux que l'art toujours révère
Trônaient au ciel marmoréen ;
Mais l'Olympe cède au Calvaire,
Jupiter au Nazaréen ;
Une voix dit : Pan est mort ! - L'ombre
S'étend. - Comme sur un drap noir,
Sur la tristesse immense et sombre
Le blanc squelette se fait voir ;
Il signe les pierres funèbres
De son paraphe de fémurs,
Pend son chapelet de vertèbres
Dans les charniers, le long des murs,
Des cercueils lève le couvercle
Avec ses bras aux os pointus ;
Dessine ses côtes en cercle
Et rit de son large rictus ;
Il pousse à la danse macabre
L'empereur, le pape et le roi,
Et de son cheval qui se cabre
Jette bas le preux plein d'effroi ;
Il entre chez la courtisane
Et fait des mines au miroir,
Du malade il boit la tisane,
De l'avare ouvre le tiroir ;
Piquant l'attelage qui rue
Avec un os pour aiguillon,
Du laboureur à la charrue
Termine en fosse le sillon ;
Et, parmi la foule priée,
Hôte inattendu, sous le banc,
Vole à la pâle mariée
Sa jarretière de ruban.
A chaque pas grossit la bande;
Le jeune au vieux donne la main ;
L'irrésistible sarabande
Met en branle le genre humain.
Le spectre en tête se déhanche,
Dansant et jouant du rebec,
Et sur fond noir, en couleur blanche,
Holbein l'esquisse d'un trait sec.
Quand le siècle devient frivole
Il suit la mode; en tonnelet
Retrousse son linceul et vole
Comme un Cupidon de ballet
Au tombeau-sofa des marquises
Qui reposent, lasses d'amour,
En des attitudes exquises,
Dans les chapelles Pompadour.
Mais voile-toi, masque sans joues,
Comédien que le ver rnord,
Depuis assez longtemps tu joues
Le mélodrame de la Mort.
Reviens, reviens, bel art antique,
De ton paros étincelant
Couvrir ce squelette gothique ;
Dévore-le, bûcher brûlant !
Si nous sommes une statue
Sculptée à l'image de Dieu,
Quand cette image est abattue,
Jetons-en les débris au feu.
Toi, forme immortelle, remonte
Dans la flamme aux sources du beau,
Sans que ton argile ait la honte
Et les misères du tombeau !
2.1.Théophile Gautier
Théophile Gautier est Né à Tarbes le 30 août 1811.Il était issu d’une famille de petite bourgeoisie avec laquelle il s’établit rapidement à Paris. Il se destinait au départ à une carrière de peintre, mais, le 27 juin 1829, il fit la rencontre de Victor Hugo, qui lui donna son goût pour la littérature. Il défendit celui-ci contre les tenants du classicisme.Il faisait partie du courant du romantisme.Même si son œuvre évolua vers une certaine formalité, il resta, en son fort intérieur, romantique jusqu’à la fin de son existence.C'est un artiste qui aura marqué les esprits.L’image que l’on retient de nos jours de Gautier est celle d’un partisan de Victor Hugo et d’un grand poète romantique.Il se distinguait des autres romantiques par ses formalités mais également par les thèmes sombres et macabres que l'on retrouvait dans ses poèmes.
Il était très apprécié par les autres artistes.En 1857,Charles Baudelaire lui dédia ses Fleurs du mal par ces vers: «!Au poète impeccable!/!au parfait magicien ès lettres françaises!/!à mon très cher et très vénéré!/!maître et ami!/!Théophile Gautier…!».Il mourut le 23 octobre 1872.
2.2.Jules Eugène Lenepveu
Jules Eugène Lenepveu est un peintre, né à Angers le 12 décembre 1819.Il fit l'école des Beaux-Arts et il fut l'élève de Mercier à Angers puis de Picot à Paris.En 1843,Il intégra l'École nationale supérieure des beaux-arts et exposa son œuvre principal L'Idylle.Il devint célèbre pour ses vastes compositions historiques, notamment les plafonds de l'Opéra de Paris (1869-1871), ou du théâtre d'Angers (1871).Il décède le 16 octobre 1898 à Paris.Nous avons choisi son œuvre intitulé " Jeanne d'arc au bûcher" pour illustrer "Bûchers et tombeaux" de Théophile Gautier.
3. Elegies avant toi de Marceline Desbordes-Valmore
comme le rossignol qui meurt de mélodie
souffle sur son enfant sa tendre maladie,
morte d' aimer, ma mère, à son regard d' adieu,
me raconta son âme et me souffla son Dieu.
Triste de me quitter, cette mère charmante,
me léguant à regret la flamme qui tourmente,
jeune, à son jeune enfant tendit longtemps sa main,
comme pour le sauver par le même chemin.
Et je restai longtemps, longtemps, sans la comprendre,
et longtemps à pleurer son secret sans l' apprendre,
à pleurer de sa mort le mystère inconnu,
le portant tout scellé dans mon coeur ingénu,
ce coeur signé d' amour comme sa tendre proie,
où pas un chant mortel n' éveillait une joie.
On eût dit, à sentir ses faibles battements,
une montre cachée où s' arrêtait le temps ;
on eût dit qu' à plaisir il se retint de vivre.
Comme un enfant dormeur qui n' ouvre pas son livre,
je ne voulais rien lire à mon sort, j' attendais ;
et tous les jours levés sur moi, je les perdais.
Par ma ceinture noire à la terre arrêtée,
ma mère était partie et tout m' avait quittée :
le monde était trop grand, trop défait, trop désert ;
une voix seule éteinte en changeait le concert :
je voulais me sauver de ses dures contraintes,
j' avais peur de ses lois, de ses morts, de ses craintes,
et ne sachant où fuir ses échos durs et froids,
je me prenais tout haut à chanter mes effrois !
Mais quand tu dis : " je viens ! " quelle cloche de fête
fit bondir le sommeil attardé sur ma tête ;
quelle rapide étreinte attacha notre sort,
pour entre-ailer nos jours d' un fraternel essor !
Ma vie, elle avait froid, s' alluma dans la tienne,
et ma vie a brillé, comme on voit au soleil
se dresser une fleur sans que rien la soutienne,
rien qu' un baiser de l' air, rien qu' un rayon vermeil...
aussi, dès qu' en entier ton âme m' eut saisie,
tu fus ma piété ! Mon ciel ! Ma poésie !
Aussi, sans te parler, je te nomme souvent
mon frère devant Dieu ! Mon âme ! Ou mon enfant !
Tu ne sauras jamais, comme je sais moi-même,
à quelle profondeur je t' atteins et je t' aime !
Tu serais par la mort arraché de mes voeux,
que pour te ressaisir mon âme aurait des yeux,
des lueurs, des accents, des larmes, des prières,
qui forceraient la mort à rouvrir tes paupières !
Je sais de quels frissons ta mère a dû frémir
sur tes sommeils d' enfant : moi, je t' ai vu dormir...
toi, ne sois pas jaloux ! Quand tu me vois penchée,
quand tu me vois me taire, et te craindre et souffrir,
c' est que l' amour m' accable. Oh ! Si j' en dois
mourir,
attends : je veux savoir si, quand tu m' as cherchée,
tu t' es dit : " voici l' âme où j' attache mon sort
et que j' épouserai dans la vie ou la mort. "
oh ! Je veux le savoir. Oh ! L' as-tu dit ? ...
pardonne !
On est étrange, on veut échanger ce qu' on donne.
Ainsi, pour m' acquitter de ton regard à toi,
je voudrais être un monde et te dire : " prends-moi ! "
née avant toi... douleur ! Tu le verrais peut-être,
si je vivais trop tard. Ne le fais point paraître,
ne dis pas que l' amour sait compter, trompe-moi :
je m' en ressouviendrai pour mourir avant toi !
Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859)
3.1.Marceline Desbordes-Valmore
Marceline Desbordes-Valmore est une artiste appartenant au mouvement du romantisme.Elle est née à Douai le 20 juin 1786. Elle fut Comédienne et chanteuse. Elle se produisit notamment à l'Opéra-Comique et au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, où elle incarna Rosine dans Le Barbier de Séville de Beaumarchais.En 1816,elle perdit un fils de cinq ans né d'une liaison avec un comédien nommé Olivier.Elle se maria en 1817 avec un acteur, Prosper Lanchantin, dit Valmore.C'est en 1819 qu'elle publia son premier recueil de poèmes, Élégies, Marie et Romances.Son ouvrage le plus important est "élégies avant toi".Verlaine la considérait comme étant une femme de génie.Il déclara:« Nous proclamons à haute et intelligible voix que Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement […] la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles […] ».Elle fut la première en date des poètes du romantisme et l'une des plus grandes poétesses de tous les temps.C'est à Marceline Desbordes-Valmore que l'on doit l'utilisation de onze syllabes et la genèse de romances sans paroles.Elle mourût le 23 juillet 1859 à Paris.
3.2.Elvira Amrhein
Elvira AMRHEIN est une peintre moderne, profondément spirituel, née en 1957 en Allemagne.La peinture occupait seulement ses loisirs mais le nombre de prix obtenus dans les différentes expositions de peintures l’ont encouragé à poursuivre sa démarche artistique.Aujourd'hui,elle vit en France plus précisément à Garrebourg.Nous avons choisi sa peinture intitulé " l'ange" pour illustrer "élégies avant toi" de Marceline Desbordes-Valmore.
4.Une mort héroïque de Charles Beaudelaire
Fancioulle était un admirable bouffon, et presque un des amis du Prince. Mais pour les personnes vouées par état au comique, les choses sérieuses ont de fatales attractions, et, bien qu'il puisse paraître bizarre que les idées de patrie et de liberté s'emparent despotiquement du cerveau d'un histrion, un jour Fancioulle entra dans une conspiration formée par quelques gentilshommes mécontents.
Il existe partout des hommes de bien pour dénoncer au pouvoir ces individus d'humeur atrabilaire qui veulent déposer les princes et opérer, sans la consulter, le déménagement d'une société. Les seigneurs en question furent arrêtés, ainsi que Fancioulle, et voués à une mort certaine.
Je croirais volontiers que le Prince fut presque fâché de trouver son comédien favori parmi les rebelles. Le Prince n'était ni meilleur ni pire qu'un autre; mais une excessive sensibilité le rendait, en beaucoup de cas, plus cruel et plus despote que tous ses pareils. Amoureux passionné des beaux-arts, excellent connaisseur d'ailleurs, il était vraiment insatiable de voluptés. Assez indifférent relativement aux hommes et à la morale, véritable artiste lui-même, il ne connaissait d'ennemi dangereux que l'Ennui, et les efforts bizarres qu'il faisait pour fuir ou pour vaincre ce tyran du monde lui auraient certainement attiré, de la part d'un historien sévère, l'épithète de "monstre", s'il avait été permis, dans ses domaines, d'écrire quoi que ce fût qui ne tendît pas uniquement au plaisir ou à l'étonnement, qui est une des formes les plus délicates du plaisir. Le grand malheur de ce Prince fut qu'il n'eut jamais un théâtre assez vaste pour son génie. Il y a de jeunes Nérons qui étouffent dans des limites trop étroites, et dont les siècles à venir ignoreront toujours le nom et la bonne volonté. L'imprévoyante Providence avait donné à celui-ci des facultés plus grandes que ses Etats.
Tout d'un coup le bruit courut que le souverain voulait faire grâce à tous les conjurés; et l'origine de ce bruit fut l'annonce d'un grand spectacle où Fancioulle devait jouer l'un de ses principaux et de ses meilleurs rôles, et auquel assisteraient même, disait-on, les gentilshommes condamnés; signe évident, ajoutaient les esprits superficiels, des tendances généreuses du Prince offensé.
De la part d'un homme aussi naturellement et volontairement excentrique, tout était possible, même la vertu, même la clémence, surtout s'il avait pu espérer y trouver des plaisirs inattendus. Mais pour ceux qui, comme moi, avaient pu pénétrer plus avant dans les profondeurs de cette âme curieuse et malade, il était infiniment plus probable que le Prince voulait juger de la valeur des talents scéniques d'un homme condamné à mort. Il voulait profiter de l'occasion pour faire une expérience physiologique d'un intérêt capital, et vérifier jusqu'à quel point les facultés habituelles d'un artiste pouvaient être altérées ou modifiées par la situation extraordinaire où il se trouvait; au-delà, existait-il dans son âme une intention plus ou moins arrêtée de clémence? C'est un point qui n'a jamais pu être éclairci.
Enfin, le grand jour arrivé, cette petite cour déploya toutes ses pompes, et il serait difficile de concevoir, à moins de l'avoir vu, tout ce que la classe privilégiée d'un petit Etat, à ressources restreintes, peut montrer de splendeurs pour une vraie solennité. Celle-là était doublement vraie, d'abord par la magie du luxe étalé, ensuite par l'intérêt moral et mystérieux qui y était attaché.
Le sieur Fancioulle excellait surtout dans les rôles muets ou peu chargés de paroles, qui sont souvent les principaux dans ces drames féeriques dont l'objet est de représenter symboliquement le mystère de la vie. Il entra en scène légèrement et avec une aisance parfaite, ce qui contribua à fortifier, dans le noble public, l'idée de douceur et de pardon.
Quand on dit d'un comédien: "Voilà un bon comédien", on se sert d'une formule qui implique que sous le personnage se laisse encore deviner le comédien, c'est-à-dire l'art, l'effort, la volonté. Or, si un comédien arrivait à être, relativement au personnage qu'il est chargé d'exprimer, ce que les meilleures statues de l'Antiquité, miraculeusement animées, vivantes, marchantes, voyantes, seraient relativement à l'idée générale et confuse de beauté, ce serait là, sans doute, un cas singulier et tout à fait imprévu. Fancioulle fut, ce soir-là, une parfaite idéalisation, qu'il était impossible de ne pas supposer vivante, possible, réelle. Ce bouffon allait, venait, riait, pleurait, se convulsait, avec une indestructible auréole autour de la tête, auréole invisible pour tous, mais visible pour moi, et où se mêlaient, dans un étrange amalgame, les rayons de l'Art et la gloire du Martyre. Fancioulle introduisait, par je ne sais quelle grâce spéciale, le divin et le surnaturel, jusque dans les plus extravagantes bouffonneries. Ma plume tremble, et des larmes d'une émotion toujours présente me montent aux yeux pendant que je cherche à vous décrire cette inoubliable soirée. Fancioulle me prouvait, d'une manière péremptoire, irréfutable, que l'ivresse de l'Art est plus apte que toute autre à voiler les terreurs du gouffre; que le génie peut jouer la comédie au bord de la tombe avec une joie qui l'empêche de voir la tombe, perdu, comme il est, dans un paradis excluant toute idée de tombe et de destruction.
Tout ce public, si blasé et frivole qu'il pût être, subit bientôt la toute-puissante domination de l'artiste. Personne ne rêva plus de mort, de deuil, ni de supplices. Chacun s'abandonna, sans inquiétude, aux voluptés multipliées que donne la vue d'un chef-d'oeuvre d'art vivant. Les explosions de la joie et de l'admiration ébranlèrent à plusieurs reprises les voûtes de l'édifice avec l'énergie d'un tonnerre continu. Le Prince lui-même, enivré, mêla ses applaudissements à ceux de sa cour.
Cependant, pour un oeil clairvoyant, son ivresse, à lui, n'était pas sans mélange. Se sentait-il vaincu dans son pouvoir de despote? humilié dans son art de terrifier les coeurs et d'engourdir les esprits? frustré de ses espérances et bafoué dans ses prévisions? De telles suppositions non exactement justifiées, mais non absolument injustifiables, traversèrent mon esprit pendant que je contemplais le visage du Prince, sur lequel une pâleur nouvelle s'ajoutait sans cesse à sa pâleur habituelle, comme la neige s'ajoute à la neige. Ses lèvres se resserraient de plus en plus, et ses yeux s'éclairaient d'un feu intérieur semblable à celui de la jalousie et de la rancune, même pendant qu'il applaudissait ostensiblement les talents de son vieil ami, l'étrange bouffon, qui bougonnait si bien la mort. A un certain moment, je vis Son Altesse se pencher vers un petit page, placé derrière elle, et lui parler à l'oreille. La physionomie espiègle du joli enfant s'illumina d'un sourire; et puis il quitta vivement la loge princière comme pour s'acquitter d'une commission urgente.
Quelques minutes plus tard un coup de sifflet aigu, prolongé, interrompit Fancioulle dans un de ses meilleurs moments, et déchira à la fois les oreilles et les coeurs. Et de l'endroit de la salle d'où avait jailli cette désapprobation inattendue, un enfant se précipitait dans un corridor avec des rires étouffés.
Fancioulle, secoué, réveillé dans son rêve, ferma d'abord les yeux, puis les rouvrit presque aussitôt, démesurément agrandis, ouvrit ensuite la bouche comme pour respirer convulsivement, chancela un peu en avant, un peu en arrière, et puis tomba roide mort sur les planches.
Le sifflet, rapide comme un glaive, avait-il réellement frustré le bourreau? Le Prince avait-il lui-même deviné tout l'homicide efficacité de sa ruse? Il est permis d'en douter. Regretta-t-il son cher et inimitable Fancioulle? Il est doux et légitime de le croire.
Les gentilshommes coupables avaient joui pour la dernière fois du spectacle de la comédie. Dans la même nuit ils furent effacés de la vie.
Depuis lors, plusieurs mimes, justement appréciés dans différents pays, sont venus jouer devant la cour de ***; mais aucun d'eux n'a pu rappeler les merveilleux talents de Fancioulle, ni s'élever jusqu'à la même faveur.
Charles Baudelaire (1821- 1867)
4.1.Charles Baudelaire
Charles Pierre Baudelaire est un poète français né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867 dans la même ville.Son père meurt en 1827 lorsqu'il a six ans.Il fut marqué par le remariage de sa mère Caroline Archimbaut-Dufays avec le chef de bataillon Jacques Aupick. Il ne pardonna jamais à sa mère ce remariage, car l'officier Aupick incarnait à ses yeux tout ce qui fait obstacle à ce qu'il aime : sa mère, la poésie et le rêve.
Au collège, il fait preuve d'une grande mélancolie et adorait la solitude mais il aimait surtout profiter des plaisirs de la vie. Lorsqu'il devait commencer une carrière, il refusa l'aide de son beau-père Aupick car il manifestait une haine pour celui qui remplaça son père.C'est alors qu'il passa son temps comme dandy dans la société littéraire parisienne.Par la suite, il partit en voyage en inde.A son retour, il toucha l'héritage paternel afin de vivre une vie de bohème luxueuse.Il se maria ensuite avec Jeanne Duval connue sous le nom de "La Vénus Noire".En 1845 et 1846 , Charles Baudelaire se fit connaitre comme critique d'art et critique littéraire dans ses salons où il donna sa vision du Beau.Il traduit par la suite des œuvres de Edgar Poe.La revue des deux mondes publia 18 de ses poèmes qui firent un grand scandale.Deux ans plus tard, il publia le recueil"les fleurs du mal",qui fut condamné en justice pour outrage à la morale publique.A partir de 1859,Baudelaire mena une vie de débauche.En 1864, il partit en Belgique dans l'espoir de donner des conférences.Il retourna à Paris en 1866 et il finit ses jours à demi paralysé.Il mourût en août 1867.
6.Dernier espoir de Paul Verlaine
Il est un arbre au cimetière
Poussant en pleine liberté,
Non planté par un deuil dicté, -
Qui flotte au long d'une humble pierre.
Sur cet arbre, été comme hiver,
Un oiseau vient qui chante clair
Sa chanson tristement fidèle.
Cet arbre et cet oiseau c'est nous :
Toi le souvenir, moi l'absence
Que le temps - qui passe - recense...
Ah, vivre encore à tes genoux !
Ah, vivre encore ! Mais quoi, ma belle,
Le néant est mon froid vainqueur...
Du moins, dis, je vis dans ton coeur ?
Analyse:
Ce poème est assez classique dans sa structure car c’est un sonnet. Nous avons 2 strophes de 4 vers et 2 strophes de 3 vers.Les vers sont chacun formés de 8 syllabes. Les rimes sont embrassés et suffisantes. Il y a beaucoup d’allitérations et peu d’assonances. On retrouve quelques figures de style comme des métaphores, des allégories des hyperboles. Les thèmes principaux sont la mort et le temps qui passe. En effet, il ya une atmosphère noire qui se dégage du poème lorsqu’on le lis. L’arbre dont fait référence l’auteur est planté dans un cimetière et chaque jour un oiseau vient chanter la même chanson triste. Le souvenir et l’absence sont deux concepts qui sont personnifiés avec un oiseau et un arbre.
Poussant en pleine liberté,
Non planté par un deuil dicté, -
Qui flotte au long d'une humble pierre.
Sur cet arbre, été comme hiver,
Un oiseau vient qui chante clair
Sa chanson tristement fidèle.
Cet arbre et cet oiseau c'est nous :
Toi le souvenir, moi l'absence
Que le temps - qui passe - recense...
Ah, vivre encore à tes genoux !
Ah, vivre encore ! Mais quoi, ma belle,
Le néant est mon froid vainqueur...
Du moins, dis, je vis dans ton coeur ?
Analyse:
Ce poème est assez classique dans sa structure car c’est un sonnet. Nous avons 2 strophes de 4 vers et 2 strophes de 3 vers.Les vers sont chacun formés de 8 syllabes. Les rimes sont embrassés et suffisantes. Il y a beaucoup d’allitérations et peu d’assonances. On retrouve quelques figures de style comme des métaphores, des allégories des hyperboles. Les thèmes principaux sont la mort et le temps qui passe. En effet, il ya une atmosphère noire qui se dégage du poème lorsqu’on le lis. L’arbre dont fait référence l’auteur est planté dans un cimetière et chaque jour un oiseau vient chanter la même chanson triste. Le souvenir et l’absence sont deux concepts qui sont personnifiés avec un oiseau et un arbre.
6.1.Paul Verlaine
Paul Verlaine est né à Metz en 1844.La famille de Verlaine appartenait à la petite bourgeoisie. Son père était capitaine dans l'armée. Il obtint son baccalauréat à Paris. Il fréquenta les cafés littéraires et commença à écrire des poèmes. En 1866, il publia les poèmes saturniens qui devinrent le premier parnasse contemporain. Il épousa en 1870 sa fiancée Mathilde Mauté, à laquelle il dédicaça La Bonne Chanson. De 1871 à 1873,il mena une vie de débauche avec son amant, le poète Rimbaud. Pour Rimbaud, il laissa derrière lui sa femme et ses enfants. En 1873, il fut arrêté par la police pour avoir tiré sur le pied de Rimbaud .Il mourût en 1896 à Paris. De nos jours, Verlaine est considéré comme étant un grand poète. Il y a aussi un certain mystère autour de ce personnage.
7.Mais si faut-il mourir? de Sponde
Mais si faut-il mourir ! et la vie orgueilleuse,
Qui brave de la mort, sentira ses fureurs ;
Les Soleils haleront ces journalieres fleurs,
Et le temps crevera ceste ampoule venteuse.
Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
Sur le verd de la cire esteindra ses ardeurs ;
L'huile de ce Tableau ternira ses couleurs,
Et ses flots se rompront à la rive escumeuse.
J'ay veu ces clairs esclairs passer devant mes yeux,
Et le tonnerre encor qui gronde dans les Cieux.(p)
Ou d'une ou d'autre part esclatera l'orage.
J'ay veu fondre la neige, et ces torrens tarir,
Ces lyons rugissans, je les ay veus sans rage.
Vivez, hommes, vivez, mais si faut-il mourir.
Analyse: Ce poème a une structure utilisé couramment à l'époque. Le poême appartient au style baroque. C'est un sonnet et donc les 2 premières strophes sont des quatrains (4vers) et les 2 derniers sont des tercets(3vers). Les vers ont une longueur de 12 syllabes (alexandrin) et les rimes sont embrassées et suffisantes. En ce qui concerne les figures de style, nous voyons la présence d'allégorie, de personnification(p). Il y a également des allitérations et des assonances. Nous voyons clairement que le thème de ce poème est la mort, la fragilité de la vie, son instabilité. Jean de Sponde a dans ce poème l'idée que la vie est un éclaire. Le poême est donc en soie une métaphore.
Qui brave de la mort, sentira ses fureurs ;
Les Soleils haleront ces journalieres fleurs,
Et le temps crevera ceste ampoule venteuse.
Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
Sur le verd de la cire esteindra ses ardeurs ;
L'huile de ce Tableau ternira ses couleurs,
Et ses flots se rompront à la rive escumeuse.
J'ay veu ces clairs esclairs passer devant mes yeux,
Et le tonnerre encor qui gronde dans les Cieux.(p)
Ou d'une ou d'autre part esclatera l'orage.
J'ay veu fondre la neige, et ces torrens tarir,
Ces lyons rugissans, je les ay veus sans rage.
Vivez, hommes, vivez, mais si faut-il mourir.
Analyse: Ce poème a une structure utilisé couramment à l'époque. Le poême appartient au style baroque. C'est un sonnet et donc les 2 premières strophes sont des quatrains (4vers) et les 2 derniers sont des tercets(3vers). Les vers ont une longueur de 12 syllabes (alexandrin) et les rimes sont embrassées et suffisantes. En ce qui concerne les figures de style, nous voyons la présence d'allégorie, de personnification(p). Il y a également des allitérations et des assonances. Nous voyons clairement que le thème de ce poème est la mort, la fragilité de la vie, son instabilité. Jean de Sponde a dans ce poème l'idée que la vie est un éclaire. Le poême est donc en soie une métaphore.
7.1.Jean de Sponde
Jean de Sponde est un poète baroque français né en 1557 à Mauléon et mort le 18 mars 1595 à Bordeaux.Il fût élevé dans un milieu protestant.C'était un élève brillant , qui reçut de la mère d'Henri IV une bourse d'étude.Il apprît la théologie réformée.
Par la suite, il se tourna vers la littérature profane : il traduisit Homère en latin et il composa des poésies sensuelles et érotiques.Il commença à lire en 1582 les psaumes et en fût profondément marqué.Sa vie prit une autre tournure car il se consacra à la religion.En 1583,il se maria et en 1585 il entama une carrière politique. Il fût emprisonné à Paris, puis, après avoir été libéré, à Tours, il se convertit au catholicisme,comme Henri IV. A cause de cette conversation , il fût haï par les protestants.Il publia alors des textes pour expliquer son changement de religion. Il mourut à Bordeaux dans la pauvreté.Les thèmes récurrents que l'on trouve dans ses écrits sont la mort, la hantise et les masques.
Par la suite, il se tourna vers la littérature profane : il traduisit Homère en latin et il composa des poésies sensuelles et érotiques.Il commença à lire en 1582 les psaumes et en fût profondément marqué.Sa vie prit une autre tournure car il se consacra à la religion.En 1583,il se maria et en 1585 il entama une carrière politique. Il fût emprisonné à Paris, puis, après avoir été libéré, à Tours, il se convertit au catholicisme,comme Henri IV. A cause de cette conversation , il fût haï par les protestants.Il publia alors des textes pour expliquer son changement de religion. Il mourut à Bordeaux dans la pauvreté.Les thèmes récurrents que l'on trouve dans ses écrits sont la mort, la hantise et les masques.
8.Morts de Quatre-vingt-douze d'Arthur Rimbaud
Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize,
Qui, pâles du baiser fort de la liberté,
Calmes, sous vos sabots, brisiez le joug qui pèse
Sur l'âme et sur le front de toute humanité ;
Hommes extasiés et grands dans la tourmente,
Vous dont les coeurs sautaient d'amour sous les haillons,(s)
O Soldats que la Mort a semés, noble Amante,
Pour les régénérer, dans tous les vieux sillons ;
Vous dont le sang lavait toute grandeur salie,
Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d'Italie,
O million de Christs aux yeux sombres et doux ;
Nous vous laissions dormir avec la République,(p)
Nous, courbés sous les rois comme sous une trique.
- Messieurs de Cassagnac nous reparlent de vous !
Analyse:
Nous avons, ici, à faire à un poème qui est classique dans sa construction car c’est un sonnet. En effet, on 2 strophes de 4 vers et 2 strophes de 3 vers.Chaque vers a une longueur de 12 syllabes (alexandrin). Les rimes sont croisées. Elles sont parfois suffisantes et parfois riches. Nous avons des allitérations. Nous retrouvons des figures de style comme des métaphores, des allégories, des personnification(p), des synecdoques(s). Les thèmes principaux sont la mort et la guerre.
Effectivement, l’auteur semble toucher par la guerre de 92-93. Dans son poème, il rend un dernier hommage aux nombreux disparus de cette guerre. Il fait un éloge aux combattants qui sont morts à Valmy, Fleury et en Italie.
Qui, pâles du baiser fort de la liberté,
Calmes, sous vos sabots, brisiez le joug qui pèse
Sur l'âme et sur le front de toute humanité ;
Hommes extasiés et grands dans la tourmente,
Vous dont les coeurs sautaient d'amour sous les haillons,(s)
O Soldats que la Mort a semés, noble Amante,
Pour les régénérer, dans tous les vieux sillons ;
Vous dont le sang lavait toute grandeur salie,
Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d'Italie,
O million de Christs aux yeux sombres et doux ;
Nous vous laissions dormir avec la République,(p)
Nous, courbés sous les rois comme sous une trique.
- Messieurs de Cassagnac nous reparlent de vous !
Analyse:
Nous avons, ici, à faire à un poème qui est classique dans sa construction car c’est un sonnet. En effet, on 2 strophes de 4 vers et 2 strophes de 3 vers.Chaque vers a une longueur de 12 syllabes (alexandrin). Les rimes sont croisées. Elles sont parfois suffisantes et parfois riches. Nous avons des allitérations. Nous retrouvons des figures de style comme des métaphores, des allégories, des personnification(p), des synecdoques(s). Les thèmes principaux sont la mort et la guerre.
Effectivement, l’auteur semble toucher par la guerre de 92-93. Dans son poème, il rend un dernier hommage aux nombreux disparus de cette guerre. Il fait un éloge aux combattants qui sont morts à Valmy, Fleury et en Italie.
8.1.Arthur Rimbaud
Arthur Rimbaud est né à Charleville, le 20 octobre 1854. Son père, Frédéric Rimbaud, était capitaine à l'armée.Son paternel abandonna Arthur et sa famille lorsqu'il était tout petit.Il fut élevé par sa mère , une femme autoritaire.Il était assez bon à l'école et il fut encouragé par son professeur de rhétorique, Georges Izambard à continuer l'écriture.En 1870, il envoya une lettre au chef de file du Parnasse où il affirma vouloir devenir « Parnassien » et chercha à se faire publier.Il fit plusieurs fugues.
Il mena pendant deux ans(1871-1873)une vie de débauche avec son amant , le poète Paul Verlaine.Durant cette période, il essaya d'inventer une nouvelle langue en se souciant de renouveler les formes poétiques. Trouver une langue est l'un des points les plus importants de sa recherche.En 1873, il se fait tiré dessus par Verlaine et la même année , il publia "une saison en enfer".Il fit par la suite de nombreux voyages dans le monde.En 1891, il est atteint d'une tumeur à la jambe.Il mourût 6 mois après.Aujourd'hui, Rimbaud est considéré comme l'une des personnes qui ont révolutionné la littérature française.Il est une éternelle source d'inspiration pour de nombreux artistes.
9.Bibliographie
Sites internet :
- http://fr.wikipedia.org/wiki
- http://elvira.amrhein.free.fr/Parcours_fr.html
- http://www.espace-poemes.com/poetes-francais
- http://www.ecoleslanoy.free.fr
- http://www.evene.fr/celebre/biographie
- http://www.florilege.free.fr
- http://www.histoire-fr.com
- http://www.recitus.qc.ca
- http://www.allposters.fr
- http://www.paul-verlaine.net
Encyclopédies et livres :
- Encyclopédie Encarta (c) Microsoft
- M.H. Prat et M.Aviérinos,Littérature, tome 2. XIXe et XXe siècle,p.142-257,Bordas,Paris,1997.
- http://fr.wikipedia.org/wiki
- http://elvira.amrhein.free.fr/Parcours_fr.html
- http://www.espace-poemes.com/poetes-francais
- http://www.ecoleslanoy.free.fr
- http://www.evene.fr/celebre/biographie
- http://www.florilege.free.fr
- http://www.histoire-fr.com
- http://www.recitus.qc.ca
- http://www.allposters.fr
- http://www.paul-verlaine.net
Encyclopédies et livres :
- Encyclopédie Encarta (c) Microsoft
- M.H. Prat et M.Aviérinos,Littérature, tome 2. XIXe et XXe siècle,p.142-257,Bordas,Paris,1997.
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